contexte du monde réel
durango, siège du comté de la plata, état du colorado« on ne parle jamais de la ville dans les actualités voisines ; et pour cause, elle est la grande exclue des repas de famille. on ne pense pas à la servir et on espère qu'à force de la laisser pourrir, elle finira par mourir ou au pire s'enfuir. dans son sein, néanmoins, on se dispute avec ferveur ses faveurs : les ciguës vory, boys of anarchy, wolf pit et cavalli selvaggi en ont fait un terrain de chasse pour leurs différents trafics de masse et là-dessus règnent en maîtres absolus, trois familles du large de la pointe de la botte italienne. mais en dehors de ces sinistres personnages, parmi la foule quotidienne, rien ne vous assurera jamais de marches sereines. il en va de même pour vous, étudiants, qui vous espérez protégés entre les murs de cette foutue université ; cornell aussi recèle de secrets et d'infinies atrocités. pourquoi vos frères et sœurs de cœur ne vous trahiraient-t-ils pas à la première heure? les professeurs, des sauveurs? il en découlerait presque d'un certain masochisme de vous croire sans cesse à l'abri – le passif déjà tragique de la ville ne suffit-il pas à vous faire réfléchir sur le possible vice d'autrui? et à continuer, persister, vous vous condamnez. pas à la mort – voyons, là, vous jouez aux optimistes! imbéciles. lorsqu'ils mettent le grappin sur quelqu'un, ils font bien pire. parce qu'ils jouent avec les aiguilles et permuteront une heure en décennie – et le train, unique moyen de sortie ici, sera déjà parti bien loin, vous délaissant à votre funeste dessein. en le regardant, vous verrez peut-être même son visage métallique sourire alors que son corps se déploie à courir. mais de toute façon, il semblerait que vos papiers soient signés, actés ; que vous ne comptiez ni reculer ni vous échapper, grand aventurier faussement éclairé. passez le seuil de cette porte ; ceux que vous aviez vus moutons de prime abord, seront devenus de bien sombres lyncheurs. la question n'est donc plus de savoir si vous leur échapperez, mais combien de temps vous tiendrez. »
thème musical
XIXème siècle ; avant le début de la construction du chemin de fer et de l'exploitation minière, durango était un village colonisé par les indiens d'amérique. ils y vécurent durant des siècles et nul doute qu'un raid viking ait souillé la terre de premières têtes humaines au cours du VIIIème siècle. la première ligne ferroviaire fut mise en route en 1882, par une société de denver. la ligne permettait de joindre silverstone, où l'extraction de métaux était fructueuse, à durango, petite ville possédant une immense vallée rocheuse et volcanique où les métaux étaient fondus.
début des années 1900 ; quelques hurluberlus se mirent en tête de creuser dans les roches de la vallée. on ne sait pas vraiment ce qu'ils cherchaient avec tant de ferveur, mais une chose est certaine, ils ont creusé jusqu'à former des galeries souterraines d'une rare étendue.
années 1970 ; la recherche de sensations fortes du peuple pousse quelques hippies à s'aventurer dans les forêts qui bordent la ville et sa vallée. durant leurs escapades, ils découvrirent les vestiges des cultures indiennes, friandes d'une médecine naturelle. face à eux, un champ de pavots, un de coca, et un de seigle colonisé par un champignon du genre poaceae : l'ergot de seigle. en moins de vingt ans, on apprit que le pavot était utilisé dans la conception chimique de l'opium et de l'héroïne. puis la coca pour la cocaïne, et enfin on découvrit les propriétés de l'ergot de seigle, extractant avec grande précaution l'acide lysergique de ses alcaloïdes, plus grand vecteur d'ergotisme.
début des années 1990 ; on put constater le début d'une colonisation pour le moins étrange à l'accent tranchant : des russes. au début les citadins s'interrogent, mais rapidement les russes achètent la mine et, ayant visiblement eu l'écho sur les champs d'anciennes cultures, ils les font protéger de hauts barbelés électrifiés et en relancent la pleine culture. il ne faudra pas attendre le début des années deux mille pour que les emplois se mettent littéralement à pleuvoir sur la petite bourgade qu'est durango. les hommes partent travailler à la mine, et les citadins bénissent l'arrivée des russes au sein de leur bourgade.
entre 2002 et 2004 ; une succession d'évènements secoue vraiment la ville. d'abord, le patron de la mine fut jeté en prison avec trois de ses associés, et il faudra attendre dix ans pour qu'ils soient jugés. la mine doit cesser son activité durant plus d'un an, et une grande partie de la ville se retrouve au chômage. mais à la fin de l'automne 2004, le courant des enquêtes se calmant, les fils aînés du patron rouvrirent la mine et les emplois affluèrent de nouveau.
courant 2005 ; un nouveau débarquement se fit remarquer : les irlandais. célèbres pour ne pas être des personnages particulièrement fréquentables, il faudra pourtant conjuguer avec leur présence, parce qu'ils s'installent et même s'implantent. ils investissent rapidement dans l'hôtel strater, célèbre de sa construction dans l'année 1887, et de son casino fréquenté par beaucoup de joueurs du colorado.
2007 ; certaines galeries minières explosèrent, faisant plus de trente morts et une vingtaine de blessés graves. des bruits de couloirs s'élevèrent, émettant bien des hypothèses sur la possibilité d'un acte criminel. trois mois plus tard, une fusillade eut lieu de nuit, en plein coeur de la ville. le résultat? des morts dans la famille bonham, propriétaire de l'unique cave à vins de durango, et des morts dans la famille gorski, propriétaire de la mine et des champs dont finalement, la plupart des habitants ne savent pas grand chose.
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début 2011 ; une affaire refit un bruit sourd dans la ville : le suicide de l'unique fille bonham. les médias affichèrent sans aucune pudeur les violences révélées par l'autopsie, que cette dernière avait vraisemblablement subis quelques jours avant son suicide.
2015 ; une étudiante fuite aux médias de la ville l'étrange activité de sa webcam, qui s'allume sans qu'elle ne l'ait demandé. mais l'importance que les étudiantes voudraient donner à ces faits ne rencontre pas le succès escompté, et rapidement les plaintes sont menées en fin des piles de dossiers.
courant 2017 ; un virage inattendu frappe non pas seulement la ville de durango, mais la totalité du colorado. l'annonce tombe dans toutes les boîtes aux lettres, les mails, les sms : toute personne passant les frontières de l'état voit son navigateur habituel dysfonctionner. s'affiche alors une page au fond noir avec votre barre de favoris habituels, un corbeau déployant ses ailes et le message clair : « bienvenue dans le colorado, nous vous invitons à installer le navigateur le plus sécurisé du pays et l'unique accessible ici : raven; rapide, efficace, fiable, invisible, basé sur le système de tor : défendez-vous contre le pistage et la surveillance. contournez la censure. » n'ayez plus peur d'afficher votre vie privée, de faire des achats en ligne pour finir tracés avec vos données bancaires volées : le colorado vous offre une possibilité infinie de naviguer en toute liberté et tranquillité. de vous faire tuer sur la toile sans que personne n'en ait quoi que ce soit à branler. du moins, c'est ce que vous pensez, mais sachez qu'une puissance certaine surveille, veille, avec des règles intraitables et une morale somme toute, discutable. et ce depuis bien plus longtemps que vous ne vous en souciez.
début 2021 ; alors que certain commencent presque à oublier les disparus de la rentrée, une fusillade mortelle tabasse les entrailles du strater au cours d'une nuit glaciale. au matin la ville est replongée dans ce noir qu'elle avait déjà connu en septembre 2020, angoisse respirable en surface de la bourgade où de nouveaux fantômes déposent les armes. une cinquantaine d'hommes, de femmes et d'enfants sont retrouvés fusillés dans les entrailles de l'hôtel qui n'a pas ouvert ses portes en ce jeudi matin. les clients s'extirpent de sa gueule en hurlant, pris d'une hérésie jamais vue jusqu'ici. macabre spectacle qui prend scène dans l'endroit, des viscères pendouillant des lustres en cristal rougis par le sang. qui sont les auteurs d'une telle boucherie? encore une histoire qui ne sera pas remuée et pourtant, les irlandais semblent avoir étés rasés, l'irish mob est condamnée.
début 2023 ; au cours d'une course organisée par la plèbe cavalli, les corps des disparus commencent à pleuvoir aux quatre coins de la ville. l'un s'écrasant des hauteurs d'un bâtiment, l'autre rageusement balancé sous les roues d'un bolide en plein drift. l'une des dépouilles est bien vite reconnue alors que la seconde est quasiment impossible à identifier. les enquêtes s'intensifient pour l'impuissant shériff de la ville, qui n'a pas encore reçu de menace pour farfouiller dans les entrailles du carnage. mais qu'il tende mieux l'oreille, qu'il demeure sur ses gardes, parce que jamais les corbeaux ne cessent d'observer. et tôt ou tard, nous savons tous qu'ils savent où frapper.